La recherche de sensations fortes peut se définir par le désir de faire des expériences nouvelles, intenses et variées qui activent notamment le système de récompense du cerveau, afin de ressentir toute l’intensité de la vie et de se sentir vivant.

La théorie de la recherche de sensations du psychologue Marvin Zuckerman permet notamment de faire des liens avec les addictions. En 1964, il établit une échelle qui identifie 4 comportements principaux :

  • Rechercher l’Aventure, le Frisson

Cela peut se traduire par le fait de s’adonner à des sports extrêmes, d’aimer la vitesse, les montagnes russes mais aussi par le fait de s’autoriser à se dépasser, par exemple en courant un marathon. Pendant ces expériences, le cerveau libère plus de dopamine et moins de norépinéphrine chez les personnes à la recherche de sensations fortes. Le niveau d’excitation est ainsi au plus haut et le niveau de stress au plus bas, ce qui pousse les personnes à répéter ces expériences.

  • Rechercher la Nouveauté

Cela peut se traduire par le fait d’essayer un nouveau restaurant, de commencer un nouveau livre, d’explorer un nouveau quartier, de voyager dans un pays que l’on ne connait pas…

  • Rechercher la Désinhibition

Notamment par la consommation de drogues.

  • Susceptibilité à l’Ennui

Cela peut se traduire par le fait de combler un sentiment de vide par des distractions.

Selon l’étude de Lejoyeux en 1996, « la recherche de sensations conduit à privilégier la multiplicité des expériences, l’intensité de l’existence, la briéveté de l’action et l’étreinte avec le monde. » On comprend mieux pourquoi une personne à la recherche de sensations aura tendance à prendre plus de risques.

Les personnes à la recherche de sensations ne sont pas motivées par le danger mais par le désir de ressentir pleinement toute l’intensité d’une expérience. Simplement elles ne laissent le danger les dissuader. Elles ressentiront moins la peur liée par exemple à des activités comme l’escalade, l’alpinisme, le saut en parachute, les jeux d’argent, ou l’expérimentation de drogues.

Malgré les risques que ce trait de caractère implique, il a du sens et joue un rôle important dans l’évolution de l’espèce. En effet, les êtres humains ne se seraient sûrement pas développés en tant qu’espèce si certains d’eux n’avaient pas eu le courage d’explorer des territoires inconnus potentiellement dangereux.

Ces expériences intenses permettent également à l’individu de se créer des souvenirs, de cultiver la joie, de prendre confiance en lui car il sait qu’il a la capacité de relever des défis et de surmonter des obstacles. Les nouvelles aventures peuvent être une opportunité de grandir, d’apprendre sur soi et de s’épanouir.

Nombreux sont ceux qui planifient tout et sur-analysent les situations avant d’agir. Les personnes à la recherche de sensations fortes quant à elles ont tendance à foncer et à faire confiance à leur capacité à s’adapter et à faire face à n’importe quel obstacle. Le fait de se sortir d’une situation potentiellement dangereuse et compliquée leur donne confiance en elles et un sentiment de fierté. Sortir de leur zone de confort les stimule et est perçu comme un défi à relever plutôt qu’une menace.

De même, en amour, les personnes à la recherche de sensations fortes ont tendance à avoir des relations passionnelles et intenses. Pour elles, l’excitation liée à la montée d’adrénaline renforcent l’attraction et le lien émotionnel.

En revanche, les études suggèrent qu’elles sont plus susceptibles d’avoir des comportements à risques liés à la consommation de drogues ou des comportements sexuels potentiellement dangereux, notamment des rapports non protégés.

Selon la chercheuse en psychologie Elaine Aaron, l’hypersensibilité se définit par ces 4 traits : un traitement en profondeur des informations, une propension à être fortement stimulé, des réactions vives au niveau émotionnel et la conscience de stimuli subtils. Il est intéressant de noter qu’environ 30% des personnes hypersensibles sont aussi à la recherche de sensations fortes, ce qui pourrait sembler à première vue contradictoire. Cependant cela peut s’expliquer par leur capacité à ressentir intensément à la fois les émotions et les sensations physiques de telle manière qu’elles tenteront à tout prix de provoquer des situations leur permettant de ressentir à nouveau cette sensation extatique, même si cela risque de les chambouler émotionnellement et de les épuiser nerveusement.

Les comportements à risques peuvent découler, entre autres, d’un héritage génétique, d’un stress post-traumatique, d’un déséquilibre hormonal et d’un système nerveux déréglé.

Une enfance ou une adolescence marquée par l’instabilité fait que le système nerveux a été habitué à être inondé de dopamine et d’adrénaline. Les sensations fortes deviennent alors pour ces personnes la norme. A l’âge adulte, elles seront plus susceptibles de rechercher inconsciemment des situations qui leur permettent de ressentir à nouveau l’intense montée hormonale qu’ils ont expérimentée dans leur plus âge.

La recherche de sensations fortes peut aussi prendre racine dans un sentiment de vide, d’ennui, de néant, et de manque de sens. Une personne peut avoir envie de ressentir à tout prix quelque chose de fort qui lui permettra de combler son vide existentiel et de détourner son attention d’un sentiment angoissant et aliénant. Les aventures et expériences intenses et passionnelles permettent de s’extraire d’une réalité qui ne nous convient pas, de s’échapper d’une vie dans laquelle on ne se sent pas épanoui et de se distraire.

La recherche constante de sensations fortes nous empêche parfois d’apprécier et de trouver de la joie dans les petites choses de la vie. Un système nerveux qui a constamment besoin de stimulation rend difficile le fait de ralentir, de faire une pause, de regarder ce qui nous entoure pour s’imprégner de la lumière, des couleurs, des paysages mais aussi de regarder à l’intérieur de nous ce qui se joue. Pour quelqu’un qui est constamment à la recherche de distractions, cela peut être très inconfortable et douloureux de rester immobile et à l’écoute de ses émotions. Cependant, ce travail intérieur peut être l’expérience la plus enrichissante qui soit car il offre une possibilité de percevoir la beauté et le sacré de ce qui est tout simplement, sans toujours aller chercher ailleurs et en dehors de soi quelque chose de mieux, de plus fort, de plus beau. Cela met un coup de projecteur sur ce qui ne nous satisfait pas dans notre vie, et, une fois passé le sentiment initial d’inconfort et de tristesse lié à cette réalisation, cela peut enclencher l’envie de changer ce qui n’est pas aligné avec notre cœur, notre âme, cette petite voix à l’intérieur de nous qui ne demande qu’à vibrer. Notre besoin profond ne demande qu’à être entendu, que ce soit un travail qui donne du sens à notre vie, une relation qui nous nourrisse profondément, un sentiment de connexion, de communion et d’appartenance, un environnement qui nous épanouisse émotionnellement, physiquement, et intellectuellement. Les comportements à risques sont souvent le signe qu’un besoin profond n’est pas satisfait et une manière de soulager la douleur liée à ce manque, cependant, une fois ce besoin identifié, nous pouvons commencer à agir et mettre en place les changements dans notre vie afin de trouver un équilibre et nous épanouir pleinement.

L’année que nous venons de vivre a été une réelle initiation. Avec les différentes restrictions et le manque de distractions, il est devenu presque impossible de s’échapper de la réalité. Pour la plupart d’entre nous, cela a mis en évidence ce que d’habitude nous choisissons d’ignorer. Malgré la difficulté, c’est également une opportunité d’apprendre à se connaitre, de changer de direction si nécessaire et de choisir un chemin qui corresponde à notre nature profonde.