Pourquoi tombe-t-on amoureux de quelqu’un ? Et si cet « autre » nous attirait précisément car il réactivait en nous une blessure de notre enfance.

Le coup de foudre et l’amour passionnel, aussi merveilleux que cela puisse paraitre, sont souvent liés à un trouble de l’attachement.

Quand nous commençons à être obsédé par quelqu’un, jusqu’à ne plus en dormir, imaginer tous les scénarii possibles et inimaginables et adapter nos choix et comportements pour plaire à l’autre, cela est clairement un signe de dépendance affective et d’anxiété liée à l’attachement.

Les troubles de l’attachement sont souvent liés à un trauma ou une blessure d’enfance. Lorsqu’on parle de trauma, on imagine souvent un événement dramatique. Cela peut évidemment faire référence à des actes de violence physique ou psychologique ou d’abus sexuels, mais cela peut également concerner des choses plus anodines. La survie d’un bébé est totalement dépendante des parents. Lorsqu’un bébé pleure, que sa détresse est ignorée et que personne ne vient le consoler et le prendre dans les bras, cela constitue un traumatisme. Lorsque les émotions d’un enfant sont accueillies avec froideur, mépris ou moqueries, il apprend à ne plus exprimer ce qu’il ressent. Lorsque les besoins émotionnels d’un bébé ou un enfant sont ignorés, lorsque les parents ne sont pas réceptifs et ne réagissent pas, l’enfant apprend à se protéger, en mettant en place des stratégies inconscientes, des mécanismes de survie qui vont influencer toutes ses relations à venir.

Le style d’attachement sain, équilibré, stable et sécurisé se développe lorsque les besoins de l’enfant sont écoutés. Les parents donnent de l’affection, de l’amour et apportent du soutien de manière constante et régulière. L’enfant sait qu’il est en sécurité. Il développe ainsi une confiance en lui, une identité forte et un sentiment de qui il est en tant qu’individu. Il ne recherche pas l’approbation ou la reconnaissance des autres. Il se sent en sécurité dans ce qu’il est et ose s’affirmer. Il est conscient de sa valeur et il sait que, que quelqu’un l’aime ou non, cela ne remet pas en cause ses qualités. Cette confiance en lui lui permet de nouer des relations saines et équilibrés.

Le style d’attachement anxieux se développe quand le soutien des parents est imprévisible, irrégulier, variable. L’enfant n’est pas sûr de l’amour de ses parents, il ne se sent pas complètement en sécurité et commence à mettre en place des stratégies inconscientes. Il peut par exemple faire des crises et pleurer beaucoup pour attirer l’attention. Son manque d’affection l’amène à réclamer plus d’amour, plus d’aide, de soutien et à s’accrocher encore plus à ses parents, à rester coller à eux. Il risque de développer par la suite un manque de confiance en lui, des angoisses et des peurs et la croyance que personne ne l’aime. A l’âge adulte, dans ses relations, il aura besoin d’être constamment rassuré par son partenaire. Il pourra par exemple être persuadé que son partenaire lui ment, le trompe et le quittera à un moment ou à un autre. Quelque soit ce que le partenaire peut lui dire pour le rassurer, il ne se sent jamais en sécurité dans la relation. Il peut également être possessif et jaloux, ce qui provoque souvent exactement ce que l’on redoutait et pousse notre partenaire à nous quitter par fatigue, découragement et épuisement.

Le style d’attachement évitant se développe notamment lorsque les parents sont froids et distants. Ils ne réagissent pas lorsque l’enfant exprime sa détresse et l’enfant apprend alors ne plus exprimer ses émotions et sera souvent à l’âge adulte plutôt distant dans ses relations. Fuyant les responsabilités et ayant une peur énorme de l’engagement, il aura à tendance à fuir dès qu’il sentira que l’autre commence s’attacher.

Certaines personnes sont à la fois anxieuses et évitantes dans leurs relations. Elles peuvent par exemple s’angoisser quand leur partenaire est distant et au contraire se sentir enfermées quand leur partenaire est trop présent.

De même, un enfant ayant grandi dans une famille où les parents sont omniprésents, surprotecteurs et étouffants développera lui aussi des comportements compensateurs. Il pourra par exemple fuir dès qu’il sent que l’autre s’attache trop ou au contraire penser que la fusion entre les êtres aimés est normale et donc devenir extrêmement anxieux si le partenaire est plus distant. Il pensera que c’est de sa faute, qu’il a fait quelque chose de mal et se remettra en question jusqu’à se dévaloriser complètement.

Les styles d’attachement anxieux et évitant sont des mécanismes de survie, des stratégies inconscientes mises en place à l’enfance qui répondent à une même angoisse : celle de ne pas être aimé, la peur d’être abandonné, rejeté… Lorsque nous n’avons pas reçu l’amour dont nous avions besoin enfant, nous développons des troubles de l’attachement.

L’amour passionné et l’addiction à l’amour sont souvent la conséquence de la rencontre d’une personne qui réactive notre blessure d’enfance. Cette personne agit peut-être de la même manière qu’un de nos parents et nous fait nous sentir exactement la même chose que nous ressentions enfant. Quand quelqu’un déclenche en nous une réaction si profonde que notre système nerveux est complètement chamboulé, nous appelons cela de la passion, alors qu’en réalité cela s’apparente plutôt à de l’anxiété. Le lien fort que nous ressentons se crée à travers le trauma que nous avons vécu enfant.

L’attirance physique et le désir de fusion révèlent souvent un désir inconscient de traverser à nouveau cette douleur. Nous espérons que le résultat sera différent cette fois et qu’il nous sera enfin possible de guérir cette blessure. Cependant, pour guérir cette blessure, il est nécessaire que les deux partenaires en soient conscients et qu’ils aient chacun envie de fournir les efforts qui permettront de trouver un équilibre dans la relation. Autrement, nous renforçons de plus en plus ce schéma et cette blessure et la croyance que nous ne méritons pas d’être aimé.