Dès la naissance, et tout au long de la vie, nous apprenons sans cesse. Nous apprenons à nous déplacer, à parler, à lire, à écrire, à compter et à développer de multiples autres compétences. Même à l’âge adulte, nous continuons constamment à apprendre pour nous adapter et nous développer tant dans notre vie personnelle que professionnelle. Les apprentissages que nous effectuons, nous permettent de nous adapter, de pouvoir anticiper, de nous souvenir de telle ou telle stratégie, de nous souvenir que cette situation a été difficile, que telle autre a été agréable…

En associant des ressentis à des situations, notre cerveau va en permanence percevoir, stocker, remémorer, traiter de l’information afin de nous permettre de survivre, de répondre à nos besoins fondamentaux.

Nos différentes expériences font de nous des êtres uniques. Nous sommes qui nous sommes, ou qui nous pensons être, grâce à ce que nous avons appris et grâce à la trace que ces apprentissages ont laissée dans notre cerveau, c’est-à-dire les engrammes.

Nos souvenirs, nos pensées, ce que nous pensons du monde, ce que nous pensons des autres, ce que nous pensons de nous-même, notre façon d’agir, notre façon de réagir, sont tous des processus issus de nos expériences.

Tout ce que nous pensons, sentons ou désirons résulte de l’activité de dizaines de milliards de neurones, qui, au fil de nos expériences, vont se structurer, se lier ou se délier en fonctions des besoins, construisant sans cesse les connexions qui nous sont utiles et déconstruisant celles qui ne le sont plus. Notre cerveau présente en effet, la remarquable capacité de pouvoir modifier ses connexions neuronales.

La neuroplasticité ou plasticité cérébrale est le mécanisme par lequel le cerveau codifie l’expérience, base de nouveaux comportements. La recherche dans le domaine des neurosciences montre que chaque nouvel apprentissage est soutenu par un changement dans le système nerveux. Si deux neurones s’activent en même temps, ils se connectent ensemble et renforcent leur connexion via les synapses. Ce renforcement des connexions augmente ainsi la probabilité que ces neurones s’activent à nouveau ensemble. Ce principe a été mis en évidence par Hebb et est connu comme la règle « fire-together-wire-together ».

Chaque fois qu’une action se répète, la connexion entre les neurones impliqués est renforcée, et plus l’émotion associée à cette action est forte, plus la connexion neuronale se renforce.

De la même manière, si on cesse d’effectuer une action, les neurones impliqués peuvent réduire la force de leurs connexions. Ils s’activent donc ensemble de moins en moins spontanément et ces connexions neuronales s’affaiblissent et disparaissent progressivement. C’est comme si cette information s’effaçait petit à petit de notre cerveau.

Dès la fin du XIXème siècle, des chercheurs réputés évoquent déjà cette notion de plasticité cérébrale et mettent à jour le fait que notre cerveau n’est pas une structure figée, mais bien un système malléable. En parallèle, le comportementalisme — avec la célèbre expérience des chiens de Pavlov — démontre qu’un individu peut acquérir de nouveaux réflexes en associant deux stimuli entre eux. Ce “conditionnement pavlovien” met en évidence la capacité d’apprentissage de notre cerveau, soit la plasticité cérébrale.

La neuroplasticité est la capacité du cerveau à fabriquer de nouvelles connexions neuronales et par conséquent à réapprendre quelque chose qu’il connaissait mais qu’il a oublié ou alors de créer et de renforcer des connexions neuronales afin de développer une nouvelle compétence. Le cerveau change sans cesse, à chaque pensée, à chaque sensation, à chaque expérience. Le cerveau se réorganise, s’adapte, se modifie. C’est un organe éminemment adaptatif, éminemment plastique.

Induire de nouveaux comportements grâce à l’hypnose

Dès que possible, le cerveau emprunte les mêmes chemins neuronaux, bien ancrés, qu’il connaît par cœur. Dans son mode de fonctionnement, notre cerveau ne va pas favoriser une habitude parce qu’elle est considérée comme bonne, mais parce qu’elle est connue, rodée, bien installée. C’est pour cela que certaines habitudes nocives persistent — comme fumer par exemple — bien qu’on sache pertinemment qu’elles nous font du mal. Notre cerveau connaît parfaitement le chemin pour y accéder, et l’emprunte avec aisance.

L’hypnose est un outil qui permet de court-circuiter des connexions cérébrales qui se sont imposées comme la voie principale et de renforcer d’autres circuits qui ont été mis de côté.

En effet, on observe que, sous hypnose, les activations des zones cérébrales sont très proches entre ce qui est réalisé et ce qui est imaginé. L’hypnose va permettre d’activer ou de désactiver ne serait-ce que l’espace d’un instant de nouvelles configurations neuronales en imaginant de nouvelles situations sans le contrôle exacerbé de plusieurs zones corticales. On peut donc modifier et restructurer son cerveau en utilisant son imagination. En état d’hypnose, le cerveau réagit comme s’il vivait vraiment les choses : une situation imaginée est ressentie, émotionnellement, comme si elle était réellement vécue. C’est de cette manière que l’hypnose stimule concrètement la plasticité cérébrale et permet d’induire plus rapidement de nouveaux comportements.

Quel que soit notre âge, on peut modifier nos anciennes habitudes et en mettre de nouvelles en place. En reproduisant de manière répétée quelque chose de nouveau, le cerveau va créer de nouveaux chemins neuronaux qui, par la suite, seront eux aussi empruntés par le cerveau avec aisance. Plus vous répétez l’activation d’une voie neuronale, même par simple imagination, plus cette voie se renforce et plus le geste ou l’attitude recherchée va devenir facile, automatique.

Sous l’effet d’une émotion forte, les connexions neuronales se renforcent en étant “survitaminées”. Or, l’hypnose permet d’induire de fortes émotions agréables et positives pour la personne. Suivant le principe désormais acquis que les neurones qui s’activent ensemble se connectent ensemble, que sous le coup d’une émotion forte, ces connections vont avoir tendance à se renforcer, on comprend mieux en quoi l’hypnose peut remodeler certains schémas d’action et de pensée.

Pour résumer, chaque nouvelle expérience, réelle ou imaginée, crée une nouvelle connexion neuronale surtout si elle est ressentie de manière intense émotionnellement. Plus on répète cette expérience, plus la connexion est renforcée. Si notre sens de la « normalité » se définit par la somme de nos expériences, on peut modifier notre sens de la « normalité » en faisant de nouvelles expériences. Ce qui signifie que l’on peut à tout moment réengrammer de nouvelles manières de voir les choses, de nouveaux comportements, de nouvelles habitudes et donc redessiner sa vie.